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encore enfouies et comme disparues sous la poussière des siècles !… Que de documents, que de trésors entassés silencieusement, dorment à jamais immobiles dans nos bibliothèques, ces gouffres de l’intelligence !… Que de travaux et de labeurs ignorés ou mal connus ! Combien d’autres épars ça et là, inaccessibles au grand nombre et qui demandent à être classés, ordonnés et renouvelés par la publicité !…

Et si, changeant de point de vue, nous reportons nos regards sur les turbulentes agitations des sociétés contemporaines, quels débats, quelles contradictions dans nos chaires et nos tribunes !… Quelle déplorable ignorance, quelles puériles présomptions, que d’intolérables incertitudes dans nos salons, nos conversations et nos journaux !… Oui certes (et qui ne le sent profondément aujourd’hui !), quoique tout soit dit, tout est à redire. En politique, comme en matière de philosophie et de beaux-arts, les plus simples notions ne sont encore qu’à peine soupçonnées par la foule ; les plus grosses vérités passent et repassent toujours aussi inaperçues par les habiles et les docteurs et c’est sans paradoxe et avec toute la gravité qui convient à son caractère, qu’un député (homme d’esprit) a pu affirmer naguère que les lieux communs les plus usés et les redites les plus triviales fourniraient la matière d’un enseignement excellemment utile à plusieurs de ceux qui nous régentent avec des airs de capacité et de savoir.

— Je demande pardon de m’éloigner ainsi (en