s’attendait à respirer le parfum de la tubéreuse et de l’hémérocalle. Au fond de l’une des anses les plus sombres du lac est la villa Pliniana, où coule avec impétuosité la fameuse source intermittente décrite par Pline ; elle forme à l’intérieur des cascades d’un effet bizarre. L’aspect de cette villa, adossée à la montagne, avec ses salles découvertes et ses cours d’eau qui la traversent en tous sens, est unique en son genre. Tout près de nous, la villa Serbelloni livre au vent les têtes sombres de ses mélèzes ; assise sur un immense rocher à pic, elle domine tout le pays. Des travaux considérables s’y poursuivent avec activité. Il est aisé d’en faire une des plus belles habitations de l’Europe. Ces trois maisons, qui joignent par des jardins, appartiennent à Mme Pasta ; celle du milieu est la copie en petit du théâtre de la Scala. La grande cantatrice a voulu que les lieux où elle cherche le repos fussent semblables à ceux où elle trouva la gloire. Vous voyez qu’à toutes ses autres séductions, notre lac chéri joint encore l’attrait indéfinissable des souvenirs. On aime à se dire, en s’abandonnant aux impressions de la jouissance présente : ici les deux Pline ont écrit peut-être leurs plus belles pages ; là Paul-Jone[1] a joui en épicurien de la vie ; plus loin, sous ces ombrages, reposent les cendres de Volta. Ces vieilles tours féodales restées debout là-haut, c’est Musso, qui servit d’asile à Jacques Trivulzio ; c’est
- ↑ « L’amiral » Paul-Jones ?