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PAGES ROMANTIQUES

DE LA SITUATION DES ARTISTES
et de
LEUR CONDITION DANS LA SOCIÉTÉ
[1]


« Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent, » a dit La Bruyère. Sans m’inscrire en faux contre cette fameuse sentence qui ouvre avec une si magistrale dignité le beau livre des Caractères, je me permettrai cependant d’observer qu’en admettant même dans une certaine généralité abstraite que tout ait été dit, on n’est nullement fondé à conclure de là que tout ait été entendu et compris.

En effet, quelque infatigable que soit l’ardeur toujours croissante de tant de générations avides, condamnées chacune pendant son heure à puiser la sève et la science dans la substance et la vie des générations éteintes, que de choses et de pensées

  1. Gazette musicale de Paris, 3 mai 1835.