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faciles à faire cesser. La Scala n’a point, ainsi que l’Opéra de Paris, de diversité dans sa symétrie. À Paris, le parterre s’élève en amphithéâtre ; les loges du premier rang sont précédées d’un balcon, la plupart sont découvertes ; ce qui, sans parler de l’éclat des tentures rouges et des ornements dorés, oblige les femmes a une grande parure, ou tout au moins à une toilette recherchée. À Milan, le parterre est une surface plane ; les cinq rangs de loges sont identiquement pareils ; les loges elles-mêmes, fort commodes pour les propriétaires, à raison de leur profondeur, ne sont point calculées en vue du coup d’œil : elles n’ont que très peu d’ouverture, et sont uniformément tendues d’une soie bleu foncé qui éteint encore les reflets déjà si sombres du lustre éclairé à l’huile. Les dorures sont massives et vieillies… mais le spectacle, me direz-vous ? l’opéra ? les chanteurs ?… Hélas, mon ami, le spectacle n’est guère propre à dissiper la disposition à l’ennui que vous donne la salle.

Ce jour-là on représentait Marino Faliero[1] et, suivant l’usage, on le donnait après un très petit nombre de répétitions préalables ; car, dans ce bienheureux pays, la mise en scène d’un opera seria n’est nullement une affaire sérieuse ; quinze jours suffisent d’ordinaire. L’orchestre et les chanteurs, étrangers les uns aux autres, ne recevant aucune impulsion du public qui jase ou dort (dans

  1. Opéra de Donizetti.