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IV[1]

À M. LOUIS DE RONCHAUD[2]

Septembre 1837.

Vous avez voulu nous quitter ; ni les prières de l’amitié, ni les séductions d’une contrée heureuse n’ont su vous retenir près de nous. D’où vient donc qu’en lui serrant sa main vous vous êtes retourné afin qu’elle ne vît pas vos larmes ? D’où vient qu’en vous pressant contre ma poitrine j’ai senti des sanglots refoulés prêts à s’échapper malgré vous de la vôtre ? N’était-ce donc pas vous, vous seul, qui le vouliez ainsi ? Mais qu’ai-je à demander pourquoi ce brusque départ, pourquoi cette séparation en apparence si peu motivée ? Vous êtes à l’âge inquiet où l’on secoue les affections comme des chaînes ; où l’on a hâte de paraître insensible afin de faire connaître que l’on est devenu homme. Déjà la sérénité de votre vie vous fatigue, et la pureté de votre jeune

  1. Gazette Musicale, 25 mars 1838.
  2. Littérateur, ami de George Sand, de Mme d’Agoult et de Liszt.