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bouche. Ils feraient mieux de dire : Notre livre, notre commentaire, notre histoire, etc., vu que d’ordinaire, il y a plus en cela du bien d’autrui que du leur. »

Le piano a donc, d’une part, cette puissance assimilatrice, cette vie de tous qui se concentre en lai ; et, de l’autre, sa vie propre, son accroissement et son développement individuel. Il est tout à la fois pour nous servir de l’expression originale d’un ancien, microcosme et microthée (petit monde et petit dieu). À le considérer sous le point de vue de la progression individuelle, le nombre et la valeur des compositions écrites lui assurent sans contredit la prééminence. Des recherches historiques nous feraient trouver, dès son origine, une succession non interrompue, non seulement d’exécutants célèbres, mais encore de compositeurs transcendants qui se sont occupés de cet instrument de préférence à tout autre. Les œuvres pour piano de Mozart, Beethoven, Weber, ne sont pas leurs moindres titres à la gloire ; elles forment une part essentielle de l’héritage qu’il nous ont transmis. Ces maîtres ont été de leur temps, des pianistes remarquables, et n’ont jamais cessé d’écrire pour leur instrument de prédilection. Je ne sais s’il n’y a pas autant de passion dans certains morceaux pour piano, de Weber, que dans Euryanthe et le Freyschütz : autant de science, de profondeur, de poésie dans les sonates de Beethoven que dans plusieurs de ses symphonies. Ne vous étonnez donc pas que moi, leur humble dis-