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sensible l’intention de suivre pas à pas l’orchestre et de ne lui laisser d’autre avantage que celui de la masse et de la variété des sons. Ce que j’ai entrepris pour la symphonie de Berlioz, je le continue en ce moment pour celles de Beethoven. L’étude sérieuse de ses œuvres, le sentiment profond de leurs beautés presque infinies, et aussi les ressources du piano, qui, par un exercice constant, me sont devenues familières, me rendent peut-être moins impropre qu’un autre à cette tâche laborieuse. Déjà les quatre premières symphonies sont transcrites ; le autres le seront dans peu. Alors, j’abandonnerai ce genre de travail, qu’il était utile que quelqu’un fît d’abord avec conscience, mais qu’à l’avenir d’autres feront aussi bien et mieux, sans doute, que moi. Les arrangements, ou pour mieux dire, les dérangements usités, devenus impossibles, ce titre reviendra de droit à l’infinité de caprices et de fantaisies dont nous sommes submergés, lesquels ne consistent qu’en un pillage de motifs de tous genres et de toutes espèces, tant bien que mal cousus ensemble. En voyant pompeusement signées d’un nom d’auteur ces sortes de compositions, qui la plupart du temps n’ont d’autre valeur que celle qui leur est donnée par le plus ou moins de vogue de l’opéra paternel, je me suis toujours rappelé ce mot de Pascal : « Certains auteurs parlant de leurs ouvrages, disent : mon livre, mon commentaire, mon histoire, etc. Ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue, et toujours un chez moi à la