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est plus étroit entre les impressions de voyage que nous rapportent les Lettres d’un bachelier et ces Années de pèlerinage en Suisse et en Italie, dont les morceaux furent publiés d’abord sous le titre d’Album d’un voyageur.

Telles sont ou les théories ou les ambitions sous-jacentes qu’une fois prévenu le lecteur voit affleurer presque à chaque ligne des pages qui vont suivre. Mais, selon le titre qu’on a cru pouvoir leur donner ici, ces pages sont des pages romantiques, c’est-à-dire qu’elles appartiennent à un temps de sensibilité outrecuidante et d’anarchie systématisée où chacun veut refaire le monde sur le patron de ses rancunes ou de ses revendications personnelles. Franz Liszt n’échappe pas à ce travers de son temps : lui-même diagnostique en soi la maladie du siècle. Ses considérations sur la Situation des artistes sont, par certains côtés fort subjectives : Liszt s’élève contre un état social qui, en 1832, n’a pas permis à un jeune professeur de piano d’épouser son élève, fille d’un ministre, et qui en 1835, l’oblige à expatrier ses amours adultères avec une grande dame.

Ce mélange d’éléments divers et disparates provoque, dans les pages que l’on va lire, une sorte de fermentation où, en dépit des modes, la vie se perpétue d’une façon singulièrement