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premier abord, appartenir à la philosophie, à la sociologie, à la littérature, ou si l’on veut — d’un mot plus vague, comme il convient ici — à l’idéologie plus qu’à la musique. Mais, à y regarder de plus près, c’est par là même qu’elles sont, sous leur forme littéraire, représentatives de la musique romantique en général et de la musique de Liszt en particulier. Liszt se plaint que l’opinion publique veuille claquemurer les musiciens dans les limites étroites d’un art spécial. Il réclame pour eux — ou pour lui — une place au banquet de Platon, parmi les poètes et les penseurs. Cette ambition, qu’est-elle au fond, sinon le principe même de la Musique à programme, des futurs Poèmes symphoniques ? Dans ces « poèmes », Liszt essaiera d’annexer à la musique la légende, la poésie, l’histoire, l’épopée ; abandonnant les canons impersonnels de l’art classique, il chantera Ce qu’on entend sur la montagne ou Mazeppa, comme Hugo, Hamlet comme Shakespeare, Orphée et Prométhée comme Ballanche, Sénancour et Herder, Le Tasse comme Gœthe, etc. Lorsqu’il entre en lice pour les artistes, c’est au fond pour l’art lui-même qu’il combat. Dans les Pages romantiques, on trouvera sinon la théorie, du moins le pressentiment de l’art réalisé plus tard par Liszt dans ses grandes œuvres symphoniques. Le parallélisme