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ceux qui ont foi, qu’importent les longs jours d’attente ?

Parmi toutes les améliorations que je rêve dans mon rêvoir, il en est une dont l’extension sera facile, et dont l’idée se présenta à mon esprit il y a peu de jours, lorsque, me promenant silencieusement dans les galeries du Louvre, je contemplais tour à tour la profonde poésie du pinceau de Scheffer, la couleur splendide de Delacroix, les lignes pures de Flandrin et de Lehmann, la nature vigoureuse de Brascassat ; pourquoi, me disais-je, la musique n’est-elle pas conviée à ces fêtes annuelles ? Pourquoi ces vastes salles du Louvre restent-elles muettes ? Pourquoi les compositeurs ne viennent-ils pas y apporter, comme les peintres, leurs frères, la plus belle gerbe de leur moisson ? Pourquoi sous l’invocation du Christ de Scheffer, de la Sainte-Cécile de Delaroche, Meyerbeer, Halévy, Berlioz, Onslow, Chopin, et d’autres plus ignorés, qui attendent impatiemment leur jour et leur place au soleil, ne feraient-ils pas entendre dans cette enceinte solennelle des symphonies, des chœurs, des compositions de tout genre qui restent enfouies dans les portefeuilles, faute de moyens d’exécution ?

Les théâtres, qui d’ailleurs ne représentent qu’une face de l’art, sont entre les mains d’administrateurs qui n’ont et ne peuvent pas avoir l’art pour but. Forcés de viser au succès, sous peine de ruine, ils repoussent les noms obscurs et les œuvres sévères. La salle du Conservatoire ne s’ouvre qu’à un public