devant ces divinités de boue et de pierre, abandonner pour elles l’autel de la Madone et le culte du Dieu vivant.
Peut-être allez-vous me trouver bien sombre aujourd’hui ; peut-être le chant du rossignol a-t-il marqué pour vous le passage d’une nuit délicieuse à un jour splendide ; peut-être vous êtes-vous assoupie sous les lilas en fleurs, et avez-vous rêvé d’un bel ange aux cheveux blonds, qui, à votre réveil, s’est trouvé souriant à vos côtés sous les traits de votre fille chérie ; peut-être votre impétueux andalou, frémissant sous la main qui le dompte, vous a-t-il fait franchir en quelques secondes la distance qui vous sépare de votre meilleur ami ; peut-être et sûrement avez-vous rencontré sur votre passage les regards d’un malheureux auquel vous avez fait bénir la Providence. Moi, je viens de vivre six mois d’une vie de luttes mesquines et d’efforts presque stériles. Je viens d’exposer volontairement mon cœur d’artiste à tous les froissements de l’existence sociale ; je viens de supporter jour par jour, heure par heure, les tortures sourdes de ce malentendu perpétuel qui semble devoir, bien longtemps encore, subsister entre le public et l’artiste.
Le musicien est sans contredit le plus mal partagé de tous dans ce genre de rapports. Retiré dans son cabinet ou dans son atelier, le poète, le peintre ou le statuaire accomplit la tâche qu’il s’est donnée, et trouve, son œuvre faite, des libraires pour la