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période de compositeurs-écrivains, Liszt se distingue en ceci que ses écrits, au premier aspect, semblent ressortir à la littérature — voire même à la sociologie — plus qu’à la musique. Dans les Considérations sur la situation des artistes, il prétend apporter une pierre à l’édifice social qu’essayent de rebâtir les rêves de Ballanche, les théories du Père Enfantin ou les effusions de l’abbé de La Mennais. Il s’efforce de déterminer quelle doit être la fonction musicale de la société nouvelle ; il s’offre tacitement à remplir cette fonction, comme d’autres y revêtiront la charge militaire, judiciaire ou de l’enseignement. Ayant ainsi, dans les Considérations sur la situation des artistes, revendiqué pour les musiciens une place d’honneur dans les rangs d’une société où, jusqu’à présent, ils ne sont reçus et traités qu’en subalternes, Liszt s’efforce de justifier ces prétentions : tel est le sens ou le but des Lettres d’un bachelier ès musique. Il s’y agit moins de répondre aux Lettres d’un voyageur de George Sand, que de donner un pendant à ces pages fameuses. La réplique est brillante : d’une forme littéraire moins attrayante ou moins achevée que les Lettres d’un voyageur, les Lettres d’un bachelier surpassent celles-ci par l’originalité de la pensée.

Les Pages romantiques semblent donc, au