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qui en sifflant, enroulent les pieds de la vierge et martyre dévouée à leurs dards mortels.

Ortrude est une création si différente des types de médiocres envies, et de méchancetés vulgaires, qui défraient les scélératesses de nos théâtres, qu’elle semble destinée à prendre place un jour à côté des Lady Macbeth, des Marguerite d’Anjou, aussi bien qu’Elsa auprès de l’Ève de Milton, de la Psyché antique. Le rôle de Frédéric n’est point sacrifié, quoique paraissant devoir nécessairement l’être. Fasciné par les prédictions, confiant dans la science occulte de sa femme, il est plein de remords dans le malheur, car il ne voulait point s’avilir. Il regrette son honneur perdu ; il croit à ce Dieu qu’Ortrude insulte, et ce n’est qu’en l’égarant, en lui représentant son adversaire armé d’une force qui n’est point venue d’en haut, qu’elle fait éclater toute la violence, de son ressentiment en efforts désespérés pour venger son injure, et ressaisir le but de ses orgueilleux désirs.

Si les musiciens dramatiques pouvaient être portés à préférer le livret de Tannhäuser et du Vaisseau-Fantôme comme également poétiques par leur trame et la beauté de leurs vers, et néanmoins d’une substance qu’il est plus aisé d’assimiler à leur art, les poëtes dramatiques devront mettre