musique, il transporta dans la musique tout ce qu’était l’antique Pologne. Il accentua le rhythme, se servit de la mélodie comme d’un récit, la colora par la modulation avec une profusion que le sujet ne comportait pas seulement, qu’il appelait impérieusement. Il fit circuler dans la Polonaise la vie, la chaleur, la passion, sans s’écarter de l’allure hautaine, de la dignité cérémonieusement magistrale, de la majesté naturelle et apprêtée à la fois qui lui sont inhérentes. Les cadences y furent marquées par des accords qu’on dirait le bruit des sabres, remués dans leurs fourreaux. Le murmure des voix au lieu de faire entendre de tièdes pourparlers d’amour, fit retentir des notes basses, pleines et profondes, comme celles des poitrines habituées à commander, auxquelles répond le hennissement éloigné et fougueux de ces chevaux du désert de si noble et élégante encolure, piaffant avec impatience, regardant de leur œil doux, intelligent et plein de feu, portant avec tant de grâce les longs caparaçons cousus de turquoises ou de rubis dont les surchargeaient les grands seigneurs polonais’). Weber connaissait-il la
1) Au trésor des princes Radziwiti dans l’ordinat de Nieswirz, on voyait aux temps de sa splendeur douze harnachemens incrustés de pierres fines, chacun d’une autre couleur. On y voyait’aussi les douze apôtres, de grandeur naturelle, en argent massif. Ce luxe n’étonne point lorsqu’on songe que cette famille, descendante du dernier grand pontife de la Lithuanie, (auquel furent donnés en propriété quand il embrassa le christianisme tous les bois et toutes les terres qui avaient été consacrées au culte des dieux païens), possédait encore 800,000 serfs vers