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II.


Du reste, les tonalités de sentiment qui décèlent une souffrance subtile et des chagrins d’un raffinement peu commun, ne se rencontrent point dans les pièces plus connues et plus habituellement goûtées de l’artiste qui nous occupe. Ses Polonaises qui, à cause des difficultés qu’elles présentent, sont plus rarement exécutées encore qu’elles ne le méritent, appartiennent à ses plus belles inspirations. Elles ne rappellent nullement les Polonaises mignardes et fardées à la Pompadour, telles que les ont propagées les orchestres de bals, les virtuoses de concerts, le répertoire rebattu de la musique maniérée et affadie des salons.

Les rhythmes énergiques des Polonaises de Chopin, font tressaillir et galvanisent toutes les torpeurs de nos indifférences. Les plus nobles sentimens traditionnels de l’ancienne Pologne y sont recueillis. Martiales pour la plupart, la bravoure et la valeur y sont rendues avec la simplicité d’accent qui faisait chez cette nation guerrière le trait distinctif de ces qualités. Elles respirent une