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cher les gouvernements de ces pays, à leur venir en aide par l’envoi de forces auxiliaires respectables.

La même politique devrait être suivie à l’égard de l’Orient, de la Turquie d’Europe et des pays du bas Danube. L’Allemagne a un immense intérêt à voir régner dans cette région la sûreté et l’ordre, et l’émigration qui se dirigerait de ce côté est la plus facile pour les individus comme la plus avantageuse pour la nation. Avec cinq fois moins d’argent et de temps qu’il n’en coûte pour se rendre aux bords du lac Érié, un habitant du haut Danube peut se transporter dans la Moldavie et dans la Valachie, ou dans la Serbie, ou encore sur la côte sud-ouest de la mer Noire. Ce qui l’attire de préférence vers les États-Unis, c’est le haut degré de liberté, de sûreté et d’ordre qui y règne. Mais, dans la situation où se trouve la Turquie, il ne serait pas impossible aux États allemands, de concert avec l’Autriche, d’opérer dans l’état social de cette contrée des améliorations qui détruiraient les répugnances des colons allemands, surtout si les gouvernements fondaient des compagnies de colonisation, y participaient eux-mêmes et leur prêtaient un appui persévérant.

Il est évident que de pareilles colonisations ne profiteraient à l’industrie des États associés qu’autant que l’échange des produits des fabriques allemandes contre les produits agricoles des colons ne rencontrerait aucun obstacle, et serait convenablement aidé par des voies de communication économiques et rapides. Il est donc dans l’intérêt des États associés que l’Autriche facilite le plus possible le commerce de transit sur le Danube, que la navigation à vapeur de ce fleuve prenne une grande activité, et qu’à cet effet elle soit, au commencement, soutenue avec vigueur par les gouvernements.

Rien, au reste, ne serait plus désirable que de voir le Zollverein et l’Autriche, un peu plus tard, lorsque l’industrie des États associés aurait fait de nouveaux progrès et se serait rapprochée davantage de l’industrie autrichienne, se faire des concessions réciproques sur les produits de leurs fabriques[1].

  1. L’idée émise dans ce passage est un germe qui a reçu depuis un dévelop-