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loppement que recevraient ainsi l’exportation des produits manufacturés et l’importation des denrées tropicales, par suite les recettes douanières des États associés, on ne peut manquer de reconnaître qu’une dépense considérable dans ce but serait un placement avantageux dont il y aurait lieu d’attendre de gros intérêts.

La facilité des communications avec ces contrées y encouragerait puissamment l’émigration des Allemands, base excellente d’une extension ultérieure de nos relations avec elles. À cet effet les États associés devraient instituer partout des consuls et des agents, faciliter par leur entremise les établissements et les entreprises des Allemands, et, en général, aider ces pays, par tous les moyens, à consolider leurs institutions politiques et à perfectionner leur état social.

Nous sommes très-loin de partager l’opinion que les contrées de l’Amérique, situées sous la zone torride, offrent moins d’avantages à la colonisation allemande que le climat tempéré de l’Amérique du Nord. Bien que prévenus, nous l’avouons, en faveur de ce dernier pays, et sans pouvoir ni vouloir contester que l’ouest des États-Unis offre à un émigrant allemand isolé, possesseur d’un certain capital, les meilleures chances de se créer un avenir, nous ne devons pas moins déclarer ici que, du point de vue national, l’émigration dans l’Amérique centrale et méridionale, bien conduite et opérée sur une grande échelle, promet à l’Allemagne des avantages beaucoup plus grands. Que sert à la nation allemande la fortune de ses émigrants aux États-Unis, si eux-mêmes sont à jamais perdus pour elle, et si elle ne peut attendue de leur travail que d’insignifiants résultats ? C’est se faire illusion que de croire que la langue allemande se conservera chez les Allemands établis dans l’Union américaine, ou qu’avec le temps il s’y formera des États tout à fait allemands. Nous avons autrefois partagé cette erreur, mais, après dix années d’observation sur les lieux mêmes, nous en sommes revenus. L’assimilation, tant sous le rapport de la langue et de la littérature que sous celui de l’administration et des lois, est dans le génie de toute nationa-