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exclusif, ne peuvent offrir qu’un très-étroit accès à ces denrées néerlandaises.

La Hollande ne possède point une grande industrie manufacturière, mais elle a une production coloniale qui a grandi immensément dans les dernières années, et qui grandira encore immensément. Or, elle se conduit mal envers l’Allemagne, elle méconnaît son véritable intérêt, lorsque, trouvant en Allemagne le débouché de la majeure partie de ses produits coloniaux, elle s’approvisionne de produits fabriqués là où il lui plaît. C’est de sa part une politique à courte vue, dont les avantages ne sont qu’apparents ; car, si la Hollande donnait la préférence aux produits des fabriques allemandes chez elle et dans ses colonies, la demande de l’Allemagne en denrées coloniales néerlandaises croîtrait dans la même proportion qu’augmenterait la vente des produits fabriqués de l’Allemagne à la Hollande et à ses colonies. Ces relations d’échange sont troublées par le fait de la Hollande, lorsqu’elle vend ses denrées coloniales à l’Allemagne, et s’approvisionne de produits fabriqués en Angleterre, tandis que l’Angleterre, quelque débouché qu’elle trouve en Hollande pour ses objets manufacturés, tire toujours de ses colonies et des contrées qui lui sont soumises la majeure partie des denrées tropicales dont elle a besoin.

L’intérêt de l’Allemagne, par conséquent, exige qu’elle obtienne en faveur de ses produits manufacturés un droit différentiel qui lui assure l’approvisionnement exclusif de la Hollande et de ses colonies, ou, en cas de refus, qu’elle établisse elle-même un droit différentiel à l’importation en faveur des provenances de l’Amérique du Centre et du Sud ainsi que des marchés libres des Indes occidentales[1].

  1. Cette question des droits différentiels à établir pour développer les relations directes entre l’Allemagne et les pays transatlantiques et pour imprimer à la navigation nationale un nouvel essor, a été au delà du Rhin, il y a quelques années, l’objet de la controverse la plus vive. On se ferait difficilement idée de la masse d’écrits qu’elle a provoqués, sans cependant être jamais résolue. Je citerai comme les plus remarquables ceux de MM. d’Arnim, de Roenne et Duckwitz. M. le baron d’Arnim, qui a laissé les meil-