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des peuples sous le régime du droit. Ce but ne peut être atteint que par l’élévation des nations les plus importantes à un degré aussi égal que possible de culture, de prospérité, d’industrie et de puissance, par le changement des antipathies et des querelles qui les divisent en sympathie et en bon accord. Mais la solution de ce problème est une œuvre de très longue durée.

Aujourd’hui les nations sont éloignées les unes des autres par diverses causes. En première ligne se placent les questions de territoire. La division politique de l’Europe ne répond pas encore à la nature des choses. Dans la théorie même on ne s’est pas encore entendu sur les bases d’une distribution territoriale. Les uns veulent que, sans égard au langage, à l’origine, à la direction du commerce, leur territoire soit arrondi pour le besoin de leur capitale, de manière que celle-ci soit située au centre et mise, autant que possible, à l’abri de l’agression étrangère ; ils demandent des fleuves pour limites. D’autres soutiennent, avec plus d’apparence de raison, qu’un littoral maritime, des montagnes, la langue et l’origine sont de meilleures frontières que les fleuves. Il existe encore des nations qui ne possèdent ni l’embouchure de leurs fleuves ni leur littoral maritime, indispensables cependant pour le développement de leurs relations extérieures et de leur puissance navale.

Si chaque nation se trouvait en possession du territoire nécessaire pour son développement intérieur et pour le maintien de son indépendance politique, industrielle et commerciale, tout empiétement serait contraire à une saine politique ; car alors un agrandissement disproportionné tiendrait en éveil les susceptibilités de la nation lésée, et ainsi les sacrifices auxquels la nation usurpatrice serait obligée pour conserver ses nouvelles provinces, surpasseraient de beaucoup les avantages qu’elles lui procureraient Mais aujourd’hui on ne peut songer à une division rationnelle, cette question se compliquant de divers intérêts d’une autre nature. Il n’est pas permis de méconnaître toutefois qu’un territoire bien arrondi est un des premiers besoins des nations, que le désir de satis-