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Comment ? D’en trouver une meilleure ? Est-ce que son frère Louis ne l’avait pas trouvée ? Mais ou l’on ne possédait pas assez de pénétration pour comprendre et pour développer l’idée vaguement exprimée par ce frère, ou bien on ne voulait pas dissoudre une école déjà fondée et enseigner justement le contraire de la doctrine à laquelle on devait sa célébrité.

Ce qui appartient à Say dans ses ouvrages, c’est seulement la forme du système, c’est sa définition de l’économie politique comme science de la production, de la distribution et de la consommation des richesses. C’est grâce à cette division des matières et à sa mise en œuvre que Say a réussi et fait école. On ne doit pas s’en étonner ; car tout y était palpable

    sur son Traité d’économie politique, je fus frappé de la lumière qu’il répandait sur cette science, en établissant:
      « Qu’il n’y a véritablement production de richesse que là où il y a création ou augmentation d’utilité, et par utilité il entend la faculté qu’ont certaines choses de satisfaire aux divers besoins des hommes ;
      « Que l’utilité d’une chose constitue sa valeur réelle et technique ;
      « Que la richesse est en proportion de cette valeur.
      « Mais, quand je vis qu’un peu plus loin il se servait de la valeur vénale ou commerciale des choses pour en évaluer la plus ou moins grande utilité, je lui fis observer que cette méthode d’évaluation me paraissait fort inexacte et même capable d’entraîner dans de graves erreurs. Il me répondit qu’effectivement cette méthode était loin d’être bonne, mais que la difficulté était d’en trouver une meilleure. »
      J’ajouterai ici quelques extraits du même écrit concernant la question du commerce international.
      Page 67:« Adam Smith a commis une grave erreur en faisant considérer comme une perte sans compensation pour une nation toute la différence qui peut exister entre le prix moins élevé d’un produit de l’industrie étrangère et le prix plus élevé de ce même produit obtenu par l’industrie nationale ; il y a perte effectivement, car cette différence diminue d’autant le revenu du consommateur de ce produit industriel ; c’est une espèce d’impôt mis sur lui, mais cette diminution de revenu est souvent compensée par l’augmentation du revenu tout entier dont ce produit a été l’occasion pour la classe industrielle nationale. »
      Page 75:« Pour résumer ce que je viens de dire à ce sujet, je pense qu’il ne faut pas adopter d’une manière absolue, à l’égard du commerce avec l’étranger, soit le système de liberté sans limites, soit le système restrictif complet; mais que l’impôt sur le consommateur ne doit être toléré que s’il en résulte un avantage évident pour la richesse de l’État. » (H. R.)