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languissaient dans le servage et dans la sujétion personnelle, en proie à la superstition, à l’ignorance, à la paresse et à la misère. Ceux entre les mains desquels se trouvaient les instruments de la production, tout entiers à la poursuite des frivolités, n’avaient ni l’intelligence ni le goût de l’agriculture ; ceux qui conduisaient la charrue étaient dépourvus de toutes ressources intellectuelles ou matérielles pour les améliorations agricoles. L’oppression sous laquelle les institutions féodales faisaient gémir l’agriculture était aggravée par les insatiables exigences de la monarchie envers les producteurs, exigences d’autant plus difficiles à satisfaire que la noblesse et le clergé étaient exempts d’impôts. Dans de pareilles circonstances, les industries les plus importantes, c’est-à-dire celles qui se basent sur la production agricole du pays et sur la consommation de la grande masse de la population, ne pouvaient pas fleurir ; celles-là seules pouvaient prospérer, qui fournissaient des objets de luxe aux classes privilégiées. Le commerce extérieur était borné par l’impuissance où se trouvaient les producteurs matériels de consommer de fortes quantités de denrées de la zone torride et de les solder avec l’excédant de leurs produits ; le commerce intérieur était étouffé par les douanes provinciales.

Il est fort naturel, dans un tel état de choses, que des penseurs, après avoir réfléchi sur les causes de la misère qui régnait, aient été convaincus que, tant que l’agriculture ne serait pas délivrée de ses chaines, tant que les possesseurs du sol et des capitaux ne s’intéresseraient pas à elle, que les paysans resteraient plongés dans la sujétion personnelle, dans la superstition, dans la paresse et dans l’ignorance, que les impôts ne seraient pas diminués et répartis avec équité, que les barrières intérieures subsisteraient et que le commerce extérieur ne fleurirait pas, le pays ne pouvait pas prospérer.

Mais ces penseurs étaient médecins du monarque et de la cour, protégés et amis intimes de la noblesse et du clergé ; ils ne voulaient pas faire une guerre ouverte a la puissance absolue, pas plus qu’au clergé et à la noblesse. Il ne leur restait