Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/455

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gleterre a reçu de la nature une grande faveur ; mais on peut répondre que, sous le rapport de ces matières, la nature n’a pas traité les autres pays en marâtre, que c’est le plus souvent le défaut de bonnes voies de communication qui les empêche de tirer tout le parti possible de leurs richesses, que d’autres contrées possèdent en abondance des forces hydrauliques inemployées, qui coûtent moins cher que la force de la vapeur ; qu’au besoin la houille peut y être remplacée par d’autres combustibles, que beaucoup de pays présentent pour la fabrication du fer des ressources inépuisables, et qu’on peut se procurer ces matières par la voie de l’échange.

Quelques mots, en terminant, des traités de commerce qui stipulent de réciproques concessions de douane. L’école repousse ces traités comme inutiles et nuisibles, tandis que nous y voyons le moyen le plus efficace d’adoucir peu à peu les rigueurs des législations douanières et de conduire graduellement les nations à la liberté du commerce. Sans doute les traités qu’on a vus jusqu’ici ne sont pas fort encourageants. Nous avons montré dans de précédents chapitres quels désastres ont causés le traité de Méthuen en Portugal et le traité d’Éden en France. Les tristes résultats de ces concessions réciproques semblent avoir motivé la répugnance de l’école pour les traités de commerce en général. Son principe de la liberté absolue du commerce y a été manifestement contredit par les faits ; car, conformément à ce principe, les traités auraient dû être avantageux pour les deux parties, au lieu de devenir une cause de ruine pour l’une et d’immenses profits pour l’autre[1]. Si nous recherchons l’explication de ces effets si différents, nous trouvons que, par suite de ces traités, le Portugal et la France renonçaient en faveur de l’Angleterre aux progrès qu’ils avaient déjà accomplis dans les manufactures

  1. A cela les libre-échangistes sont en droit de répondre, comme ils l’ont fait au surplus, que leur principe n’a rien de commun avec des stipulations d’avantages exclusifs en faveur d’une nation en particulier, et ne peut être par conséquent rendu responsable des tristes résultats de tel ou tel traité de commerce. (H. R.)