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CHAPITRE XVII.

La douane et l'école régnante.


L’école régnante ne distingue pas, quant à l’effet des droits protecteurs, entre la production agricole et la production manufacturière ; elle invoque à tort l’influence fâcheuse que ces droits exercent sur la première, comme preuve qu’ils opèrent de même sur la seconde[1].

En ce qui touche l’introduction des manufactures, l’école ne distingue pas entre les nations qui n’ont pas de vocation pour elles, et celles qu’y appelle la nature de leur territoire, leurs progrès agricoles, leur civilisation et le besoin d’assurer pour l’avenir leur prospérité, leur indépendance et leur puissance.

L’école méconnaît que, sous le régime d’une concurrence sans limites avec des nations manufacturières exercées, une

    détournée forcément vers d’autres emplois par l’effet de l’impôt. » On s’étonne après cela que J.-B. Say, Cours complet, IVe partie. chap. xx, enveloppe dans le même anathème les primes proprement dites et les drawbacks, et élève contre ces derniers cette objection : « Pourquoi affranchissons-nous l’étranger d’un droit que nous faisons payer à nos concitoyens ? » On s’en étonne d’autant plus que, dans son Traité d’économie politique, livre II, chap. xvii, il avait purement et simplement reproduit la doctrine de Smith. (H. R.)

  1. List, nous en avons déjà fait la remarque, a distingué ici à tort l’agriculture d’avec l’industrie manufacturière. La protection peut, dans certains cas, venir en aide à la première tout aussi utilement qu’à la seconde. Une différence, néanmoins, que List n’a pas aperçue, et sur laquelle il convient d’insister, c’est que, sous l’action de la concurrence intérieure, les profits des capitaux employés dans les fabrications protégées ne tardent pas à se réduire au taux commun, tandis que, le sol constituant un monopole naturel, la mise en culture de nouveaux terrains que provoque la protection à l’agriculture, tend à accroître d’une manière permanente la rente des terrains les plus fertiles ou placés dans les conditions le plus favorables. (H. R.)