Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il ne peut être question de drawbacks dans notre système, qu’autant que les produits à demi ouvrés qu’on importe du dehors, tels que le fil de coton, supportent un droit protecteur considérable, afin que le pays arrive peu à peu à les produire lui-même.

Les primes sont inadmissibles comme moyen permanent de venir en aide à l’industrie du pays dans sa lutte avec celle de nations plus avancées sur des marchés tiers ; elles le sont plus encore comme moyen de conquérir l’approvisionnement de nations qui déjà elles-mêmes ont fait quelques progrès dans les manufactures. Quelquefois, pourtant, elles peuvent se justifier à titre d’encouragements passagers, par exemple lorsque l’esprit d’entreprise, endormi chez une nation, n’a besoin que d’être éveillé et de trouver quelque appui dans ses premiers efforts, pour qu’une industrie puissante et durable surgisse et fasse des exportations dans les pays dépourvus de manufactures. Mais, même en pareil cas, il faut considérer si l’État ne ferait pas mieux de prêter, sans intérêts, aux entrepreneurs et de leur accorder d’autres avantages, ou s’il ne conviendrait pas mieux de provoquer, pour ces premiers essais, la création de compagnies, et d’avancer à celles-ci sur les fonds de l’État une partie du capital nécessaire, en laissant aux actionnaires particuliers la préférence pour le paiement des intérêts. Nous citerons comme exemples les entreprises commerciales et maritimes dans des terres lointaines que le commerce des particuliers n’a pas encore abordées, l’établissement de lignes de bateaux à vapeur vers des régions éloignées, de nouvelles colonisations[1].

  1. Adam Smith combat les primes de sortie. « Nous ne pouvons pas, remarque-t-il spirituellement, forcer les étrangers à acheter nos marchandises, comme nous y avons forcé nos concitoyens. Par conséquent, a-t-on dit, le meilleur expédient qui nous reste à employer, c’est de payer les étrangers pour les décider à acheter de nous. » Mais les drawbacks ou restitutions de droits trouvent grâce devant lui, par la raison que « des encouragements de ce genre ne tendent point à tourner vers un emploi particulier une plus forte portion du capital du pays que celle qui s’y serait portée de son plein gré, mais seulement ont pour objet d’empêcher que cette portion ne soit