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amène causent peu de dommage, lorsqu’elles ne font qu’arrêter l’importation des articles de luxe ; elles sont suivies, au contraire, de calamités terribles, lorsqu’elles entraînent le manque et la cherté des produits fabriqués ordinaires avec la fermeture d’un large débouché pour les produits agricoles. Enfin la contrebande et les déclarations inexactes de valeurs en vue d’éluder les droits sont beaucoup moins à craindre et beaucoup plus faciles à empêcher sur ces articles que sur les objets de luxe.

Les fabriques et les manufactures sont des plantes qui croissent lentement, et une protection douanière qui altère subitement les relations commerciales existantes nuit au pays dans l’intérêt duquel elle est établie. Les droits doivent s’élever à mesure que les capitaux, l’habileté industrielle et l’esprit d’entreprise augmentent dans le pays ou lui viennent de l’étranger, à mesure que la nation devient capable de mettre elle-même en œuvre les matières brutes qu’elle exportait auparavant. Il est sage d’arrêter d’avance l’échelle des droits progressifs, afin d’offrir une prime certaine aux capitalistes, ainsi qu’aux hommes de l’art et aux ouvriers qui se forment dans le pays ou que l’on attire du dehors. Il est indispensable de maintenir invariablement ces taux et de ne pas les diminuer avant le temps, parce que la seule crainte de la violation de l’engagement détruirait en grande partie l’effet de la prime.

Dans quelle proportion les droits d’entrée doivent-ils s’élever lorsque l’on passe de la libre concurrence au système protecteur, et descendre lorsqu’on passe du système prohibitif à la protection modérée ? La théorie ne peut le déterminer ; tout dépend des circonstances et des relations qui existent entre le pays le moins avancé et celui qui l’est le plus. Les États-Unis, par exemple, ont à prendre en considération particulière le débouché qu’offrent l’Angleterre à leurs cotons en laine et les colonies anglaises aux produits de leurs champs et de leurs pêcheries, ainsi que le haut prix que leur coûte la main-d’œuvre ; d’un autre côté, c’est pour eux une circon-