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tion ainsi que les envois de capitaux aux États-Unis ; et d’une part en anéantissant les fabriques américaines, de l’autre en encourageant l’exportation des produits bruts américains en Angleterre, il travaillera avec un soin paternel à prévenir le retour des crises et à maintenir constamment en équilibre les importations et les exportations de la colonie. En un mot, les propriétaires d’esclaves et les planteurs de coton verront alors se réaliser leurs plus beaux rêves.

Depuis longtemps, en effet, un pareil avenir satisfait mieux le patriotisme, les intérêts et les besoins de ces planteurs que l’indépendance et la grandeur des États-Unis. Ce n’est que dans la première exaltation de la liberté et de l’affranchissement qu’ils ont rêvé l’indépendance industrielle. Mais bientôt ils se sont refroidis, et, depuis un quart de siècle, la prospérité des fabriques dans les États du Centre et de l’Est les offusque ; ils essayent de prouver dans le congrès que la prospérité américaine dépend de la domination industrielle de l’Angleterre sur les États-Unis. Que signifie ce langage, sinon que l’Amérique du Nord serait plus riche et plus heureuse si elle redevenait colonie de l’Angleterre ?

En général il nous semble que les partisans de la liberté commerciale seraient, en ce qui touche les crises monétaires et la balance du commerce, de même qu’à l’égard de l’industrie manufacturière, plus conséquents avec eux-mêmes, s’ils conseillaient franchement à toutes les nations de se soumettre à l’Angleterre et d’obtenir ainsi les avantages attachés à la condition de colonies anglaises. Cet état d’assujettissement serait évidemment beaucoup plus favorable à leurs intérêts matériels que la situation fausse de ces peuples, qui, sans posséder un système propre d’industrie, de commerce et de crédit, affectent néanmoins l’indépendance vis-à-vis de l’Angleterre. Ne voit-on pas comme le Portugal eût gagné, si, depuis le traité de Méthuen, il eût été gouverné par un vice-roi anglais, si l’Angleterre y eût acclimaté ses lois et son esprit national, et eût prit ce pays sous sa tutelle comme elle a fait des Indes orientales ? Ne voit-on pas combien ce régime