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lement à ce que l’émigration et l’emprunt font passer chaque année dans la colonie des quantités considérables de capitaux. Ce dernier état de choses est extrêmement favorable à la prospérité de la colonie. Il peut durer des siècles, et, pendant sa durée, les crises commerciales sont rares ou impossibles, parce que la colonie n’est lésée, ni par la guerre, ni par des mesures hostiles, ni par les opérations de la banque métropolitaine, et, qu’au lieu d’avoir un système propre et indépendant de commerce, de crédit et d’industrie, elle est protégée et soutenue par les institutions de crédit et par les lois de la métropole.

De telles relations ont existé utilement durant des siècles entre l’Amérique du Nord et l’Angleterre ; elles subsistent encore aujourd’hui entre l’Angleterre et le Canada, et il est probable qu’elles dureront des siècles entre l’Angleterre et l’Australie.

Mais elles s’altèrent essentiellement du jour où la colonie s’émancipe et prétend aux attributs d’une grande et indépendante nationalité, à une politique à elle, à un système propre de commerce et de crédit. Alors, l’ancienne colonie fait des lois pour aider au développement de sa marine marchande et de sa force navale ; elle établit en faveur de son industrie un système de douanes ; elle fonde une banque nationale, etc. si du moins elle se sent appelée par ses ressources navales, physiques et économiques à devenir une nation manufacturière et commerçante. De son côté, la métropole entrave la navigation, le commerce et l’agriculture de son ancienne possession, et n’emploie ses institutions de crédit que dans son propre intérêt.

Or, c’est justement par l’exemple des colonies de l’Amérique du Nord avant la guerre de l’indépendance, qu’Adam Smith veut prouver la maxime paradoxale qu’on a plus haut rappelée qu’un pays peut augmenter son exportation d’or et d’argent, restreindre sa circulation en métaux précieux, étendre sa circulation en papier, voir grossir sa dette envers une autre nation, et, cependant, jouir d’une prospérité toujours