Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce sont les 218 millions de liv. st. de capital manufacturier qui ont en grande partie appelé à l’existence le capital agricole de 3.311 millions. Ils ont opéré absolument comme opèrent les voies de communication ; ce sont les dépenses de construction d’un canal qui augmentent la valeur des terrains situés dans le rayon de ce canal. Qu’il cesse de servir comme voie de communication, qu’on emploie les eaux à l’irrigation des prairies, c’est-à-dire à l’augmentation apparente du capital de l’agriculture et de la rente de la terre ; et, supposons que la valeur des prairies s’accroisse de quelques millions, ce changement utile en apparence à l’agriculture diminuera dans une proportion dix fois plus forte la valeur collective des propriétés situées à proximité du canal.

De ce point de vue, le fait que le capital manufacturier d’un pays est minime comparativement à son capital agricole, conduit à des conclusions tout autres que celles que l’école régnante et celle qui l’a précédée en ont déduites. Il s’ensuit que le maintien et l’extension de l’industrie manufacturière importent d’autant plus aux cultivateurs eux-mêmes que, relativement à l’agriculture, elle ne peut employer qu’une faible quantité de capital. Il doit donc être évident pour les agriculteurs, en particulier pour ceux qui perçoivent des rentes foncières, pour les propriétaires, qu’ils ont intérêt a établir et à conserver dans le pays des manufactures, dussent-ils, en y consacrant le capital nécessaire, ne compter sur aucun profit direct, de même qu’il leur est avantageux de faire construire des routes, des canaux et des chemins de fer, même sans en retirer directement aucun revenu. Si nous considérons sous ce rapport les industries les plus indispensables, les plus utiles à l’agriculture, par exemple celle des moulins à farine, la justesse de notre observation paraîtra incontestable. Comparez la valeur de la propriété et de la rente foncière dans une localité où il ne se trouve point de moulins à farine à portée des cultivateurs et dans une autre localité où cette industrie s’exerce au milieu d’eux, et vous reconnaîtrez que cette seule industrie fait déjà sentir puissamment son in-