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CHAPITRE X.

l'industrie manufacturière et l'intérêt agricole.


Si la protection en faveur des manufactures indigènes portait préjudice aux consommateurs de produits fabriqués et ne servait qu’à enrichir les fabricants, les propriétaires fonciers et les agriculteurs, qui constituent parmi ces consommateurs la classe la plus nombreuse et la plus importante, seraient particulièrement atteints. Mais on peut établir que cette classe retire des manufactures de plus grands avantages que les fabricants eux-mêmes ; car les manufactures créent une demande pour une plus grande variété et pour une plus grande quantité de produits ruraux, augmentent la valeur échangeable de ces produits, et permettent à l’agriculteur de tirer un meilleur parti de sa terre et de son travail. Il s’ensuit une hausse de la rente territoriale, des profits et des salaires, et l’accroissement de la rente et des capitaux a pour conséquence l’accroissement de la valeur échangeable de la terre et du travail.

La valeur échangeable des biens de campagne n’est pas autre chose que leur rente capitalisée ; elle dépend, d’une part, du montant et de la valeur de la rente, de l’autre, de la masse de capitaux et moraux et matériels qui se trouvent dans le pays.

Tout progrès individuel et social, tout développement de la force productive du pays en général, mais surtout l’établissement des manufactures, augmente la rente en quantité, tout en la diminuant en quotité. Dans un pays agricole peu cultivé et médiocrement peuplé, en Pologne par exemple, la rente s’élève à la moitié ou au tiers du produit brut ; dans un pays avancé, populeux et riche, par exemple en Angleterre,