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coltes abondantes ou par des importations d’un autre pays.

Le capital matériel de l’agriculteur ne s’accroit sur une grande échelle, régulièrement et indéfiniment, que du jour où une industrie manufacturière armée de toutes pièces apparaît au milieu des cultivateurs.

La plus vaste partie du capital matériel d’une nation est fixée dans le sol. En tout pays la valeur des fonds de terre, des propriétés bâties dans les campagnes et dans les villes, des ateliers, des fabriques, des ouvrages hydrauliques, des mines, etc. compose des deux tiers aux neuf dixièmes de toutes les valeurs que la nation possède ; on doit donc admettre en principe que tout ce qui augmente ou diminue la valeur de la propriété foncière accroît, ou amoindrit la masse de capitaux matériels de la nation. Or, nous voyons que la valeur des terres d’une même fertilité naturelle est incomparablement plus grande dans le voisinage d’une petite ville que dans une région écartée, près d’une grande ville que près d’une petite, dans un pays manufacturier que dans un pays purement agricole. Nous voyons d’un autre côté que la valeur des maisons d’habitation ou des fabriques ainsi que des terrains à bâtir dans les villes s’abaisse ou s’élève, en général, suivant que les relations de la ville avec les agriculteurs s’étendent ou se restreignent, ou suivant que les agriculteurs prospèrent ou s’appauvrissent. Il s’ensuit que l’accroissement du capital agricole dépend de l’accroissement du capital manufacturier et réciproquement.

Mais, dans le passage de l’état purement agricole à l’état manufacturier, cette influence réciproque agit avec beaucoup plus de force du côté de l’industrie manufacturière que du côté de l’agriculture ; car, de même que, dans la transition de la vie du chasseur à celle du pasteur, l’accroissement du capital résulte principalement de l’augmentation rapide des troupeaux, et, dans le passage de la vie pastorale à l’agriculture, principalement de la rapide acquisition de nouvelles terres fertiles et d’un excédant de denrées ; de même, lorsqu’on s’élève de la simple agriculture à l’industrie manufacturière,