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que nous l’avons vu dans un chapitre précédent, ne peuvent être que fort imparfaites à cause du manque de commerce, que chaque terrain ne peut recevoir l’emploi qui lui convient le mieux, et qu’un peuple purement agriculteur manque en grande partie de ces instruments, de ces connaissances, de ces stimulants, de cette énergie et de cette culture sociale que donnent les manufactures et le commerce qui en est la suite ; le peuple purement agriculteur arrive bientôt à ce point où l’accroissement du capital matériel agricole ne peut plus marcher du même pas que l’accroissement de la population, et, par conséquent, où la pauvreté des individus s’accroit de jour en jour, bien que le capital collectif de la nation ne cesse de s’accroître.

Dans un pareil état de choses, le produit le plus important de la nation consiste en hommes, qui, ne pouvant trouver dans le pays une existence suffisante, passent à l’étranger. Ce sera pour un tel pays une très-médiocre consolation de savoir que l’école considère l’homme comme un capital accumulé ; car l’exportation des hommes n’entraîne point de retour, mais un écoulement improductif de valeurs matérielles considérables sous la forme de meubles, de monnaies, etc.

Il est évident que, dans un pareil état de choses, où la division nationale du travail n’est qu’imparfaitement développée, ni labeurs, ni épargnes ne peuvent accroître le capital matériel, ou enrichir matériellement les individus.

Sans doute, un pays agricole est rarement dépourvu de tout commerce extérieur, et le commerce extérieur remplace, jusqu’à un certain point, les manufactures indigènes quant à l’accroissement du capital, en ce qu’il met les manufacturiers du dehors en relation avec les cultivateurs du dedans. Mais ces rapports sont partiels et très-insuffisants ; d’abord parce qu’ils ne portent que sur quelques produits spéciaux et ne s’étendent guère qu’au littoral de la mer et aux rives des fleuves navigables ; en second lieu parce qu’ils sont dans tous les cas très-irréguliers, et se trouvent fréquemment interrompus par la guerre, par les fluctuations du commerce, par les mesures de douane, par des ré-