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L’accroissement des capitaux matériels de la nation dépend de l’accroissement de ses capitaux intellectuels et réciproquement.

La création des capitaux matériels de l’agriculture dépend de la création des capitaux matériels des manufactures et réciproquement.

Les capitaux matériels du commerce apparaissent partout comme intermédiaires et comme auxiliaires entre les deux autres.

Dans l’état primitif, chez les chasseurs et chez les pasteurs, la nature fournit presque tout ; le capital est à peu près nul. Le commerce extérieur accroît celui-ci ; mais par là même, en provoquant l’emploi d’armes à feu, de poudre, de plomb, il détruit entièrement la productivité de celle-là. La théorie de l’épargne ne saurait convenir au chasseur, il faut qu’il périsse ou qu’il devienne pasteur.

Dans l’état pastoral, le capital matériel croit rapidement, mais seulement autant que la nature offre spontanément de la nourriture au bétail. Mais l’accroissement de la population suit de près celui du bétail et des moyens d’alimentation. D’une part, le bétail et les pâturages se distribuent en portions toujours plus petites, et de l’autre, le commerce étranger excite à la consommation. Inutilement essaierait-on de prêcher au peuple pasteur la théorie de l’épargne ; il faut qu’il tombe dans la misère ou qu’il passe à l’état d’agriculteur.

Au peuple agriculteur s’ouvre, par l’emploi des forces mortes de la nature, un champ vaste, mais limité toutefois.

Le cultivateur peut obtenir des denrées alimentaires pour ses besoins personnels et au delà, améliorer ses champs, augmenter son bétail ; mais l’accroissement des subsistances est partout suivi de l’accroissement de la population. Les capitaux matériels, et, notamment, le sol et le bétail, à mesure que le premier devient plus fertile et le second plus nombreux, se partagent entre un plus grand nombre d’individus. Mais comme la superficie des terres ne peut pas être étendue par le travail, que, faute de voies de communication, voies qui, ainsi