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dirige contre le système protecteur l’argument suivant, lequel a été adopté jusqu’à ce jour par tous ses disciples :

« A la vérité il peut se faire qu’à l’aide de ces sortes de règlements un pays acquière un genre particulier de manufacture plus tôt qu’il ne l’aurait acquis sans cela, et qu’au bout d’un certain temps ce genre de manufacture se fasse dans le pays à aussi bon marché ou à meilleur marché que chez l’étranger. Mais, quoiqu’il puisse ainsi arriver que l’on porte l’industrie nationale dans un canal particulier plus tôt qu’elle ne s’y serait portée d’elle-même, il ne s’ensuit nullement que la somme totale de l’industrie ou des revenus de la société puisse jamais recevoir aucune augmentation de ces sortes de règlements. L’industrie de la société ne peut augmenter qu’autant que son capital augmente, et ce capital ne peut augmenter qu’à proportion de ce qui peut être épargné sur les revenus de la société. Or, l’effet qu’opèrent immédiatement les règlements de cette espèce, c’est de diminuer le revenu de la société, et, à coup sûr, ce qui diminue son revenu n’augmentera pas son capital plus vite qu’il ne se serait augmenté de lui-même si l’on eût laissé le capital et l’industrie chercher l’un et l’autre leurs emplois naturels[1]. »

À l’appui de cet argument, le fondateur de l’école cité l’exemple connu et déjà par nous réfuté de la folie qu’il y aurait à vouloir produire du vin en Écosse.

Dans le même chapitre il dit que le revenu annuel de la société n’est autre chose que la valeur échangeable du produit annuel de l’industrie nationale.

C’est là le principal argument de l’école contre le système protecteur. Elle accorde que, au moyen de mesures protectrices, des fabriques peuvent être établies et mises en état de produire des articles à aussi bas et même à plus bas prix que ceux qu’on tire de l’étranger ; mais elle soutient que l’effet immédiat de ces mesures est de diminuer les revenus de la société ou la valeur échangeable du produit annuel de l’indus-

  1. Richesse des nations, liv. IV, chap. ii