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vent-elles pas à l’introduction d’animaux étrangers, au perfectionnement des races indigènes, et combien n’y pas encore à faire sous ce rapport ? Tous les vers à soie de l’Europe proviennent de quelques œufs que, sous le règne de Constantin, des moines grecs ont apportés dans des bâtons creux de Chine à Constantinople, de Chine, où l’exportation en était sévèrement prohibée. La France doit une industrie brillante à l’importation des chèvres du Thibet. Il est à regretter que, en introduisant des espèces étrangères ou en perfectionnant les espèces indigènes, on ait eu principalement en vue la satisfaction des besoins de luxe et non pas plutôt le développement du bien-être des masses. Des voyageurs prétendent avoir vu dans quelques régions de l’Asie une race de bêtes à cornes, qui à une remarquable vigueur réunit une grande rapidité de mouvement, de manière à pouvoir servir avec presque autant de succès que le cheval pour l’équitation et pour l’attelage. Quels avantages immenses l’importation d’une pareille race ne procurerait-elle pas aux petits fermiers de l’Europe ! Quel accroissement de subsistances, de force productive et d’agrément les classes laborieuses n’y trouveraient-elles pas ![1].

La force productive du genre humain est accrue par le perfectionnement et par la naturalisation des végétaux à un beaucoup plus haut degré que par le perfectionnement et par la naturalisation des espèces animales. Cela saute aux yeux, si l’on compare les plantes primitives, telles qu’elles sont sorties du sein de la nature, avec les plantes perfectionnées. Combien les espèces originaires des grains et des fruits, des légumes et des plantes oléagineuses ressemblent peu, pour la forme et pour l’utilité, à leur descendance améliorée ! Que de ressources alimentaires, que de jouissances, que d’occasions d’un utile emploi des forces productives n’ont-elles pas fournies ! La pomme de terre, la betterave, les prairies

  1. On connaît les utiles efforts de la Société d’acclimatation, récemment créée en France et présidée par M. Isidore Geoffroi-Saint-Hilaire. (H. R.)