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De là nous croyons pouvoir conclure que les hommes ne sont pas nécessairement des êtres pesants, gauches, paresseux d’esprit tels que ceux que, sous le régime d’une agriculture rabougrie, nous voyons dans de petits villages où quelques familles se sont depuis des siècles mariées entre elles, où, depuis des siècles, personne ne s’est avisé d’imiter un procédé nouveau, de changer la forme des vêtements, d’adopter un nouvel instrument ou une nouvelle idée, où le comble de l’art consiste, non pas à déployer toutes ses forces intellectuelles et physiques pour se procurer le plus possible de jouissances, mais à supporter le plus possible de privations.

Cet état de choses est changé au profit de l’amélioration de la race humaine dans le pays tout entier, par la création d’une industrie manufacturière. Une grande partie de l’accroissement de la population agricole se portant vers les manufactures, les agriculteurs de diverses localités s’unissent entre eux et avec les travailleurs des manufactures par les liens du mariage, l’apathie morale, intellectuelle et physique des habitants est arrêtée. Les relations que les manufactures et le commerce auquel elles servent de base établissent entre divers pays, entre diverses localités, infusent un sang nouveau dans la nation tout entière, de même que dans chaque commune et dans chaque famille.

L’industrie manufacturière n’exerce pas moins d’influence sur le perfectionnement des races d’animaux domestiques. Partout où ont fleuri les fabriques de laine, la race ovine s’est rapidement améliorée. Le grand nombre d’individus employés dans les manufactures déterminant une demande plus forte de bonne viande, le fermier s’appliquera à introduire de meilleures races de bêtes à cornes. Une demande plus active de chevaux de luxe provoque de même le perfectionnement de la race chevaline. On cesse alors de voir ces anciennes races, abâtardies par suite du défaut de croisement dans une agriculture rabougrie, et qui forment le digne pendant de leurs maîtres stupides.

Combien déjà les forces productives des nations ne doi-