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croisement des races, et qu’il dégénère peu à peu lorsque les mariages ont lieu constamment entre un petit nombre de familles, ainsi que les plantes lorsque la graine est constamment semée dans le même sol. C’est la connaissance de cette loi naturelle qui explique pourquoi, chez plusieurs tribus peu nombreuses, sauvages tout à fait ou à demi, de l’Asie ou de l’Afrique, les hommes choisissent leurs épouses dans des tribus étrangères. L’expérience des oligarques dans les petites républiques municipales, lesquels, se mariant constamment entre eux, s’éteignent peu à peu ou dégénèrent à vue d’œil, me semble une preuve également claire de cette loi de la nature. On ne peut nier que du mélange de deux races diverses il résulte, à peu près sans exception, une postérité robuste et belle, et cette remarque s’étend jusqu’au mélange des blancs et des noirs à la troisième et à la quatrième génération. C’est surtout par cette raison, à ce qu’il semble, que les peuples sortis de mélanges fréquemment répétés et embrassant la nation entière, surpassent tous les autres par la puissance de l’esprit et du caractère, par la vigueur et par la beauté du corps[1].

  1. D’après Chardin, les Guèbres, descendance pure des anciens Perses, sont une race laide, difforme et lourde comme tous les peuples d’origine mongole, tandis que la noblesse persane, qui depuis des siècles s’unit à des Géorgiennes et à des Circassiennes, se distingue par sa beauté et par sa force. Le docteur Pritchard remarque que les celtes purs de la haute Écosse sont très-inférieurs en taille, en force physique et en bonne apparence aux habitants de la basse Écosse, issus à la fois des celtes et des Saxons. Pallas fait une observation semblable au sujet des rejetons mixtes des Russes et des Tartares comparés à la descendance pure de l’une et de l’autre race. Azara assure que les enfants qui naissent des unions entre les Espagnols et les naturels du Paraguay sont beaucoup plus beaux et beaucoup plus forts que leurs ascendants des deux côtés. Les avantages des croisements des races se manifestent non-seulement dans le mélange de deux peuples différents, mais encore dans celui de différentes tribus d’un seul et même peuple. Ainsi, les nègres créoles sont de beaucoup supérieurs, pour les qualités de l’esprit comme pour celles du corps, aux nègres purs sangs qui viennent d’Afrique en Amérique. Les Caraïbes, la seule tribu indienne qui se marie habituellement avec des femmes des tribus voisines, l’emportent à tous égards sur toutes les autres peuplades américaines. Si c’est une loi de la nature, elle sert en partie à expliquer l’essor que les villes du moyen âge ont pris aussitôt après leur fondation, ainsi que l’énergie et la forte constitution physique du peuple américain.