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ples n’auront plus à redouter de la libre concurrence la destruction de leurs fabriques.

En attendant que ce jour arrive, l’Angleterre s’indemnisera de la diminution que les systèmes protecteurs étrangers feront subir à ses exportations d’objets manufacturés de consommation générale, par des envois plus considérables d’articles plus fins et par l’ouverture de nouveaux débouchés.

Elle pacifiera l’Espagne, l’Orient, les États de l’Amérique centrale et méridionale, elle emploiera son influence dans tous les pays barbares ou à demi barbares de cette partie du monde, ainsi que de l’Asie et de l’Afrique, pour qu’ils aient des gouvernements éclairés et forts, pour que la sûreté des biens et des personnes y règne, pour que des routes et des canaux y soient construits, l’instruction et les lumières, la moralité et l’industrie encouragées, le fanatisme, la superstition et la paresse anéanties. Si en même temps elle lève ses restrictions d’entrée sur des denrées alimentaires et sur les produits bruts, ses exportations d’objets manufacturés s’accroîtront dans une énorme proportion et beaucoup plus sûrement que si elle continuait à spéculer sur la ruine des fabriques continentales.

Mais, pour que ces efforts civilisateurs de l’Angleterre chez les peuples barbares entièrement ou à demi puissent réussir, elle ne doit pas se montrer exclusive ; elle ne doit pas, au moyen de privilèges commerciaux tels que ceux qu’elle a obtenus au Brésil[1], essayer d’accaparer ces marchés et d’en exclure les autres nations.

Une pareille conduite excitera toujours la jalousie des autres peuples et les portera à contrarier les efforts de l’Angleterre. C’est évidemment cette politique égoïste qui explique comment l’influence des puissances civilisées sur la civilisation de ces pays a été si faible jusqu’à ce jour. L’Angleterre devrait donc introduire dans le droit des gens le principe de l’égalité de traitement pour le commerce de toutes les nations

  1. Ces privilèges lui ont été retirés peu d’années après la publication du Système national. (H. R.)