Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

matières brutes ou en objets fabriqués, et qu’elles soient ou non en équilibre. Si, par exemple, effrayés des crises commerciales qui sévissent dans l’Amérique du Nord comme un fléau endémique, nous consultons cette théorie, sur les moyens de les éloigner ou d’en diminuer les ravages, elle nous laisse dénués de toute consolation, de tout enseignement ; nous ne pouvons pas même leur donner une explication scientifique, parce que, sous peine de passer pour des obscurantistes ou pour des ignorants, nous n’osons pas même prononcer le mot de balance du commerce, qui retentit pourtant dans toutes les assemblées législatives, dans toutes les administrations et dans toutes les bourses. Pour le bien de l’humanité, c’est un devoir pour vous de croire que les exportations se balancent toujours d’elles-mêmes avec les importations, en dépit des rapports publics où nous lisons comment la Banque d’Angleterre vient en aide à la nature des choses, en dépit des actes sur les céréales, qui permettent difficilement aux agriculteurs des pays en relations avec l’Angleterre de payer avec leurs produits agricoles les articles fabriqués qu’ils consomment.

L’école n’admet pas de distinction entre les peuples qui ont atteint un degré supérieur de développement économique, et ceux qui sont placés plus bas sous ce rapport. Partout elle veut exclure l’intervention de l’État, partout l’individu doit être d’autant plus capable de produire que le gouvernement s’occupe moins de lui. D’après cette doctrine, en vérité, les sauvages devraient être les producteurs les plus actifs et les plus riches du globe ; car nulle part d’individu n’est plus abandonné à lui-même, nulle part l’intervention du gouvernement n’est moins sensible que dans l’état sauvage[1]

  1. Les économistes qui possèdent le plus d’autorité en Angleterre et sur le continent, de quelque manière d’ailleurs qu’ils envisagent le commerce international, sont loin, aujourd’hui, de professer la doctrine de l’abstention de l’État vis-à-vis de l’industrie.
      Mac Culloch, dans la dernière édition de ses Principes d’économie politique, combat avec énergie l’opinion, qu’en ce qui touche la production de la richesse, les devoirs du gouvernement seraient purement négatifs et se borneraient à garantir la sûreté des biens et la liberté de l’industrie. Les