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Par de semblables motifs, le gouvernement est non-seulement autorisé, mais astreint à limiter et à réglementer dans l’intérêt de la nation un commerce innocent en lui-même. En décrétant des prohibitions et des droits protecteurs, il ne prescrit point aux individus, ainsi que l’école le soutient mensongèrement, l’emploi qu’ils doivent donner à leurs forces productives et à leurs capitaux. Il ne dit point à celui-ci : « Tu placeras ton argent dans la construction d’un bâtiment ou dans l’établissement d’une manufacture ; » ni à celui-là « Tu seras un capitaine de navire ou un ingénieur civil ; » il laisse chacun maître d’employer son capital comme il le jugera convenable, et de choisir la profession qui lui plaira. Il dit seulement : « Notre pays a intérêt à fabriquer lui-même tel ou tel article : mais, comme la libre concurrence de l’étranger nous empêcherait d’y réussir, nous la limitons autant que nous l’estimons nécessaire pour garantir ceux d’entre nous qui appliqueront leurs capitaux ou qui consacreront leurs forces physiques et intellectuelles à cette nouvelle branche d’industrie, pour les garantir contre la perte de leurs capitaux et contre la stérilité de leurs efforts, et pour inviter les étrangers à apporter parmi nous leur forces productives. » De la sorte le gouvernement n’entrave point l’industrie particulière ; au contraire, il ouvre aux forces personnelles et naturelles ainsi qu’aux capitaux du pays un plus vaste champ d’activité. Loin de faire ainsi rien que les individus sachent mieux et puissent faire mieux que lui, il fait ce que les particuliers, quelles que soient leurs lumières, seraient incapables d’exécuter eux-mêmes.

L’assertion de l’école, que le système protecteur entraîne une intervention illégitime et anti-économique du gouvernement dans l’emploi du capital et dans l’industrie des particuliers, tombe d’elle-même si nous considérons que ce sont les règlements commerciaux des étrangers qui sont coupables de pareils empiétements dans notre industrie privée, et que c’est seulement à l’aide du système protecteur que nous pouvons détourner les funestes conséquences de la politique étran-