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combinaison de ses forces productives avec celles de toutes les autres fabriques. Ainsi, pour la prospérité d’un atelier de machines, il faut que les mines et les usines métalliques lui fournissent les matières qu’elle emploie, et que les cent espèces de manufactures qui ont besoin de machines consomment ses produits. Faute d’ateliers pour la construction des machines, une nation, en temps de guerre, serait exposée à perdre la majeure partie de sa puissance manufacturière. L’industrie manufacturière et l’agriculture, envisagées dans leur ensemble, prospèrent d’autant plus qu’elles sont plus rapprochées et qu’elles sont moins troublées dans l’influence réciproque qu’elles exercent l’une sur l’autre. Les avantages de leur association sous une seule et même autorité politique sont, en cas de guerre, de querelles nationales, de crises commerciales, de mauvaises récoltes, etc. non moins éclatants que ceux de la réunion, sous un seul et même toit, des ouvriers employés à une fabrication d’aiguilles.

Smith soutient que la division du travail est moins applicable

    plus frappant. Jamais la construction des machines ne peut atteindre le plus haut degré de perfection, là où un seul atelier est obligé, pour pouvoir exister, de fabriquer les machines et les instruments les plus divers. Pour produire aussi bien et à aussi bas prix que possible, la demande doit être telle dans le pays, que chaque atelier de construction ne s’applique qu’à un seul genre ou à un petit nombre, par exemple aux machines pour fabriquer le coton ou le lin, aux machines à vapeur, etc. ; car c’est alors seulement que le constructeur peut se procurer les outils les plus parfaits, appliquer tous les nouveaux procédés, et obtenir, pour un salaire modéré, les ouvriers les plus habiles et les meilleurs artistes. Le défaut de cette division du travail explique surtout pourquoi les ateliers de l’Allemagne n’ont pas encore atteint la perfection de ceux de l’Angleterre. Mais la cause pour laquelle la division du travail n’existe pas encore en Allemagne, c’est surtout que les différentes espèces de filatures qui occasionneraient une forte demande de machines n’y sont pas encore établies. Ainsi l’importation du fil étranger arrête la branche de fabrication la plus importante, celle qui fabrique des fabriques.
      La division du travail n’est pas moins importante dans les autres branches de l’industrie manufacturière. La filature, le tissage et l’impression, par exemple, ne peuvent atteindre le plus haut degré de perfection et de bon marché, que lorsque la demande met chaque fabrique en état de produire exclusivement certaines espèces de fils, de tissus et d’imprimés.