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une fédération de tous les peuples, garantie de la paix perpétuelle[1], le principe de la liberté du commerce entre les nations serait parfaitement établi. Moins un individu est entravé dans la poursuite de son bien-être, plus ceux avec lesquels il a de libres relations sont nombreux et riches, plus vaste est le champ ouvert à son activité, et plus il lui sera facile d’employer à l’amélioration de sa condition les facultés qu’il a reçues de la nature, les lumières et les talents qu’il a acquis, les forces naturelles qui se trouvent a sa disposition. Il en est des communes, des provinces comme des individus. Il faudrait être insensé pour soutenir que l’union commerciale est moins avantageuse que les douanes provinciales aux États-Unis de l’Amérique du Nord, aux provinces de la France et aux États de la Confédération germanique.

Les trois royaumes unis de la Grande-Bretagne et de l’Irlande offrent un exemple éclatant et décisif des immenses résultats de la liberté du commerce entre des peuples associés[2]. Qu’on se représente une association semblable entre

  1. On peut comparer ce passage remarquable de List à quelques pages du Cours de Rossi, dans le chapitre de la Théorie de la liberté commerciale ; elles commencent ainsi : « Représentons-nous le monde industriel et commercial sans aucune barrière politique, comme si, pour les rapports économiques, la diverse nationalité des peuples était complètement effacée. » Après avoir retracé les faits qui se produiraient dans une hypothèse, suivant lui, malheureusement romanesque, l’habile économiste développe avec force l’argument tiré de la diverse nationalité, et il lui fait sa part. Dans un autre chapitre, relatif au système colonial, il s’exprime en ces termes : «  Répétons-le, dans la théorie on n’a pas assez tenu compte du fait de la nationalité. Tandis que les praticiens l’exagèrent au point de vouloir faire, de chaque nation, une association de monopoleurs, en guerre permanente avec le monde entier, les théoriciens l’ont complètement oubliée. » Ce sont presque les expressions de l’auteur du Système national. Rossi qui savait l’allemand, et qui lisait, son cours nous l’apprend, la Revue trimestrielle allemande, connaissait-il les doctrines de List ? — Si les théoriciens ont oublié la nationalité, ce n’est pas à dire qu’ils ont manqué de patriotisme ; en réclamant la liberté du commerce international la plus étendue, ils ont toujours cru, à tort ou à raison, servir les intérêts de leur pays. (H. R.)
  2. Nous n’admettons pas que le libre échange avec la Grande-Bretagne ait été avantageux pour l’Irlande. Au contraire, il lui a été nuisible et il a retardé ses progrès. Qu’un peu de bien ait accompagné le mal, on ne le conteste pas, mais il serait difficile de l’apprécier maintenant. Les maux de