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nomie cosmopolite, c’est-à-dire de la science qui enseigne comment le genre humain peut arriver à la possession du bien-être, tandis que l’économie politique se borne à enseigner comment une nation, dans des circonstances données, parvient, au moyen de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et du commerce, à la prospérité, à la civilisation et à la puissance[1].

Adam Smith donna la même étendue à sa doctrine, en s’attachant à établir l’idée cosmopolite de la liberté absolue du commerce, malgré les fautes grossières commises par les

    partie constitutive de la société attachée au territoire ; l’autre une addition extrinsèque, qui fait partie de la république générale du commerce extérieur, employée et défrayée par les nations agricoles. (H. R.)

  1. Cette distinction entre l’économie politique et l’économie cosmopolite, sur laquelle insiste l’auteur, ne saurait être acceptée. La science est toujours cosmopolite, en ce sens qu’elle ne circonscrit pas ses recherches et ses préceptes à une nation en particulier, qu’elle les étend, au contraire, sur tous les pays comme sur toutes les époques. Mais, dans ses méditations sur le genre humain, elle doit l’envisager tel qu’il a été, tel qu’il est et tel qu’il sera longtemps peut-être, sinon toujours, c’est-à-dire composé de sociétés différentes à des degrés divers de développement. Si elle ne tient pas compte de ce grand fait, si elle spécule sur une humanité idéale, c’est une science en l’air ou plutôt ce n’est plus une science. Tel serait le cas de cette économie cosmopolite qui se réduirait à quelques abstractions vides et inapplicables. L’économie politique, qui n’est point à l’usage de telle ou telle société, de l’Angleterre, de la France et de l’Allemagne, mais qui repose sur l’étude attentive de toutes les sociétés et qui doit les éclairer toutes, ne peut être opposée qu’à l’économie privée.
      Cette distinction de List rappelle celle que Rossi a faite entre l’économie publique pure ou rationnelle et l’économie politique appliquée. L’une et l’autre de ces sciences ont le même objet, la richesse ; mais la première en traite d’une manière générale, humanitaire ; la seconde d’une manière plus spéciale, plus nationale ; l’économie pure néglige le temps, l’espace, la nationalité ; l’économie appliquée tient compte de ces trois circonstances. On ne peut admettre davantage cette distinction nouvelle, qui semble avoir été imaginée par un esprit ingénieux pour faire passer certains théorèmes excessifs de ses devanciers. Il n’y a qu’une seule économie politique ; il ne peut y avoir deux sciences pour un seul et même objet. Une distinction rationnelle serait celle d’une économie théorique, et d’une économie appliquée, la première exposant les lois qui président à la production et à la distribution des richesses, la seconde déduisant de ces lois des préceptes généraux, celle-là correspondant à la physiologie, celle-ci à l’hygiène et à la thérapeutique. (H. R.)