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d’entrée sur les articles fabriqués les plus importants, il eut, dès les premières années, de si heureux résultats, que Washington, dans son message de 1791, put féliciter la nation de l’état florissant dans lequel se trouvaient les manufactures, l’agriculture et le commerce.

On reconnut bientôt l’insuffisance de cette protection ; l’obstacle d’un faible droit fut aisément vaincu par les fabricants d’Angleterre dont les procédés s’étaient améliorés. Le congrès porta à 15 pour cent le droit sur les articles les plus importants ; mais ce ne fut qu’en 1804, lorsque la modicité des recettes de douane le contraignait à augmenter le revenu. Déjà, depuis longtemps, les fabricants du pays s’étaient épuisés en doléances sur le manque de protection, et les intérêts opposés, en arguments sur les avantages de la liberté du commerce ainsi que sur les inconvénients des droits protecteurs élevés.

Dès 1789, sur la proposition de James Madison, la navigation avait obtenu une protection suffisante ; son essor contrastait avec les faibles progrès généralement accomplis par les manufactures ; de 200.000 tonneaux en 1789, elle s’était élevée en 1801 à plus d’un demi-million.

Sous l’abri du tarif de 1804, l’industrie manufacturière de l’Amérique du Nord ne se maintint qu’avec peine devant celle de l’Angleterre, que fortifiaient de continuels perfectionnements et qui avait atteint des proportions colossales ; elle aurait sans doute succombé dans la lutte, si l’embargo et la déclaration de guerre de 1812 ne lui étaient venus en aide.

Alors, comme durant la guerre de l’indépendance, les fabriques américaines prirent un essor si extraordinaire, que, non contentes de satisfaire aux besoins du pays, elles commencèrent bientôt à exporter. D’après un rapport du comité du commerce et des manufactures au congrès, les seules industries du coton et de la laine occupaient, en 1815, 100.000 ouvriers, produisant annuellement pour plus de 60 millions de dollars (321 millions de francs[1]. De même que pendant

  1. Le dollar = 5 fr. 35 cent