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de villes impériales allemandes, formée et cimentée par la population libre des campagnes qui les séparaient.

Les autres durent leur ruine à leur mépris pour la population rurale, à un orgueil insensé de citadins, qui se complut à tenir le peuple des campagnes dans l’abaissement au lieu de l’élever.

Les villes n’auraient pu parvenir à l’unité qu’à l’aide de la monarchie héréditaire. Mais la monarchie en Allemagne se trouva à la discrétion de princes qui, pour n’être pas gênés dans leurs fantaisies et pour tenir sous le joug les villes et la petite noblesse, étaient intéressés à ne pas laisser prévaloir l’hérédité.

On voit pourquoi l’idée de l’empire romain se conserva chez les monarques allemands. Ils n’étaient puissants qu’à la tête des armées ; c’était seulement quand il y avait à guerroyer au dehors qu’ils pouvaient réunir les princes et les villes sous leur bannière. C’est pour cela qu’ils favorisèrent en Allemagne la liberté municipale, dont ils étaient les ennemis et les oppresseurs en Italie.

Mais les expéditions de Rome n’affaiblirent pas seulement de plus en plus l’autorité souveraine en Allemagne, elles détruisirent aussi les dynasties, qui auraient pu fonder une puissance compacte au sein de l’Empire, dans le cœur même du pays. Quand la maison de Hohenstaufen s’éteignit, le cœur du pays se brisa en mille morceaux.

Le sentiment de l’impossibilité de réunir ces débris conduisit la maison de Habsbourg, originairement si faible et si dénuée, à se servir de la force nationale pour fonder au sud-est de l’empire, en subjuguant des tribus étrangères, un royaume héréditaire compacte. Cette politique fut imitée dans le nord-est par les margraves de Brandebourg. Ainsi s’élevèrent au sud-est et au nord-est deux monarchies héréditaires basées sur l’asservissement de tribus étrangères, tandis que, au nord-ouest et au sud-ouest, se constituaient deux républiques, qui se séparèrent chaque jour davantage de l’Allemagne, et que dans l’intérieur, au cœur même du pays, le morcelle-