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Au témoignage d’Anderson, les Anglais étaient, déjà à cette époque, si expérimentés dans l’art de déclarer leurs articles beaucoup au-dessous de la valeur, qu’ils ne payaient pas en réalité plus de la moitié des droits établis par le tarif[1].

« Après que la prohibition eut été levée, dit le British Merchant[2], nous leur primes une si forte quantité de leur argent qu’il ne leur en restait plus que très-peu pour les usages nécessaires (very little for their necessary occasions). Nous fîmes de même de leur or. » Les Anglais ont continué cette opération jusqu’à ces derniers temps ; ils exportaient tous les métaux précieux que les Portugais recevaient de leurs colonies, et en transportaient une grande partie dans l’Inde et en Chine, où, comme nous l’avons montré en parlant de l’Angleterre, ils obtenaient en échange des marchandises, qu’ils vendaient au continent contre des matières premières. Les importations annuellement effectuées par l’Angleterre en Portugal surpassaient les exportations d’un million de livres sterling. Cette balance favorable déprimait de 15 pour 100 le cours du change au détriment du Portugal. « Nous avons une balance de commerce bien meilleure avec le Portugal qu’avec tout autre pays, dit l’auteur du British Merchant, dans sa dédicace à sir Paul Méthuen, fils du célèbre ministre ; notre importation de numéraire de ce pays, qui ne s’élevait autrefois qu’à 300.000 liv. st. atteint un million et demi[3]. »

Ce traité fut dès lors regardé par tous les négociants, par tous les économistes, par tous les hommes d’État de l’Angleterre, comme le chef-d’œuvre de la politique commerciale anglaise. Anderson, qui est assez clairvoyant en ce qui touche les intérêts commerciaux de son pays, et qui s’exprime partout avec une grande sincérité, à sa manière, l’appelle un traité éminemment équitable et avantageux, et ne peut s’empêcher de s’écrier naïvement « Puisse-t-il durer à tout ja-

  1. Anderson, vol. III, p. 67.
  2. British Merchant, vol. III, p. 267.
  3. Ibid. vol. III.