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prospérité sous l’influence des mesures prises par la reine Élisabeth[1].

Dans le mémoire plus haut mentionné, par lequel les Anséates réclamaient de la Diète germanique des mesures de rétorsion, l’exportation des draps de l’Angleterre est estimée à 200.000 pièces, et déjà, sous Jacques Ier, la valeur des draps anglais exportés avait atteint le chiffre énorme de 2 millions de livres sterling, tandis qu’en 1354 celle des laines exportées ne s’élevait qu’à 277.000 livres, et celle des autres articles à 16.400. Jusqu’au règne du prince que je viens de nommer, la plupart des draps étaient envoyés en Belgique pour y être teints et apprêtés ; mais, en conséquence des mesures de protection et d’encouragement adoptées par Jacques Ier et par Charles Ier, l’apprêt se perfectionna tellement en Angleterre, que l’importation des draps fins y cessa presque entièrement et qu’elle n’exporta plus que des draps teints et apprêtés.

Pour donner une idée exacte et complète de ces résultats de la politique commerciale anglaise, on doit remarquer qu’avant le grand essor qu’ont pris dans ces derniers temps les industries du lin, du coton, de la soie et du fer, la fabrication du drap offrait le moyen d’échange le plus important de beaucoup, tant avec tous les pays d’Europe et particulièrement de l’Europe du Nord qu’avec le Levant et les Indes orientales et occidentales. On peut en juger par ce fait que, dès le temps de Jacques Ier, les articles en laine entraient pour les neuf dixièmes dans l’ensemble des exportations anglaises[2].

Cette industrie fournit à l’Angleterre les moyens de supplanter les Anséates sur les marchés de la Russie, de la Suède, de la Norwége et du Danemark, et d’attirer à elle la meilleure part du commerce du Levant et des deux Indes. Ce fut

  1. La prohibition de sortie des laines et les restrictions au commerce de cette matière sur les côtes dans le but d’empêcher l’exportation, étaient des mesures vexatoires et injustes ; elles ne contribuèrent pas moins à l’avancement de l’industrie anglaise et à l’abaissement de l’industrie flamande.
  2. Hume, année 1603 — Macpherson, Histoire du commerce, année 1651.