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cement. Mais elle enseigne aussi que le même peuple, à mesure qu’il avance en industrie et en civilisation, ne voit plus ce commerce d’un œil aussi favorable, et qu’il en vient finalement à y trouver des dangers et un obstacle à ses progrès ultérieurs. Ce fut le cas du commerce entre l’Angleterre et la Hanse. À peine un siècle s’était-il écoulé depuis la fondation du comptoir de Stahlhof, qu’Édouard III fut d’avis qu’il pouvait y avoir quelque chose de plus utile et de plus avantageux pour un pays que d’exporter des laines brutes et d’importer des draps. Par des faveurs de toute espèce il essaya d’attirer de Flandre dans son royaume des ouvriers en drap, et, après en avoir fait venir un assez bon nombre, il fit défense de se vêtir de draps étrangers[1].

Les sages mesures de ce roi furent merveilleusement secondées par la conduite insensée d’autres princes ; ce qui n’est pas rare dans l’histoire de l’industrie. Tandis que les anciens maîtres des Flandres et du Brabant s’étaient appliqués à faire fleurir autour d’eux l’industrie, les nouveaux s’étudièrent à exciter le mécontentement des commerçants et des manufacturiers, et à les pousser à l’émigration[2].

Dès 1413, l’industrie des laines en Angleterre avait fait de tels progrès, que Hume a pu dire de cette période : « Une grande jalousie régnait alors à l’égard des marchands étrangers ; ils eurent à supporter une multitude d’entraves ; par exemple, ils furent obligés, avec l’argent qu’ils retiraient de leurs importations, d’acheter des marchandises du pays[3]. »

Sous Édouard IV, cette jalousie s’accrut au point que l’importation des draps étrangers, ainsi que celle de divers autres articles, fut entièrement prohibée.

Bien que le roi fût ensuite contraint par les Anséates de révoquer cette prohibition et de leur restituer leurs anciens privilèges, l’industrie anglaise paraît avoir été puissamment encouragée par la mesure ; car Hume écrit ce qui suit au su-

  1. 11ème année d’Edouard III, chap. V.
  2. Rymer’s Foedera ; De Witte, Interest of Holland.
  3. Hume, Histoire d’Angleterre, chap. xxv.