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garanties de leur conservation et de leur prospérité ou à établir leur prépondérance.

Cette tendance n’est légitime et raisonnable qu’en tant qu’elle facilite, au lieu d’entraver, le développement économique de la nation, et qu’elle n’est pas en opposition avec le but supérieur de l’humanité, qui est la confédération universelle de l’avenir.

De même que la société humaine doit être envisagée sous deux points de vue, savoir le cosmopolite qui embrasse tout le genre humain, et le politique qui s’attache aux intérêts nationaux, toute économie, celle des particuliers comme celle de la société, doit être considérée sous deux aspects principaux, par rapport aux forces individuelles, sociales et physiques au moyen desquelles se produisent les richesses, et par rapport à la valeur échangeable des biens matériels.

Il y a, par conséquent, une économie cosmopolite et une économie politique, une théorie des valeurs échangeables et une théorie des forces productives, doctrines essentiellement distinctes et appelées à se développer séparément.

Les forces productives des peuples ne dépendent pas seulement du travail, de l’épargne, de la moralité et de l’intelligence des individus ou de la possession de fonds naturels et de capitaux matériels ; elles dépendent aussi des institutions et des lois sociales, politiques et civiles, et, avant tout, des garanties de leur durée, de leur indépendance et de leur puissance comme nations. Inutilement les individus seraient laborieux, économes, ingénieux, entreprenants, intelligents, et moraux ; sans l’unité nationale, sans la division du travail et la coopération des forces productives, le pays ne saurait atteindre un haut degré de prospérité et de puissance, ni se maintenir dans la possession durable de ses richesses intellectuelles, sociales et matérielles.

Le principe de la division du travail n’a été jusqu’ici compris que imparfaitement. La productivité tient beaucoup moins au partage des diverses opérations d’une industrie entre plu-