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impertinente, la supposition qu’on pourrait s’y payer d’illusions et d’espérances, comme si c’était de l’or et de l’argent en barres. Dans le cas où ces concessions seraient faites par le Parlement, les plus graves questions de politique commerciale deviendraient sur-le-champ, en Allemagne, l’objet d’une discussion publique. Le dernier rapport du docteur Bowring nous a donné un avant-goût de la tactique que l’Angleterre adopterait en pareil cas. L’Angleterre n’envisagera pas ces concessions comme un équivalent des avantages exorbitants qu’elle continue de posséder pour ses produits fabriqués sur le marché allemand, ni comme une faveur destinée à empêcher l’Allemagne d’apprendre à fabriquer elle-même peu à peu le fil de coton dont elle a besoin, et de tirer directement à cet effet, des pays chauds, la matière première, en la payant avec les produits de ses propres manufactures, ni comme un moyen de faire cesser l’énorme disproportion qui existe encore entre les importations et les exportations des deux pays. Non, l’Angleterre verra dans l’approvisionnement de l’Allemagne en coton filé, un droit acquis, elle réclamera un nouvel équivalent de ses concessions, et ce ne sera rien moins que le sacrifice de ses manufactures de coton, de laine, etc. ; elle les présentera à l’Allemagne comme un plat de lentilles, prix de la renonciation a son droit d’aînesse. Si le docteur Bowring ne s’est pas fait illusion durant son séjour en Allemagne, si, ce que nous soupçonnons fort, il n’a pas pris trop au sérieux la courtoisie berlinoise, dans ces régions où s’élabore la politique de l’Association allemande, on en est encore aux errements de la théorie cosmopolite ; par exemple, on ne fait pas de distinction entre l’exportation des produits manufacturés et celle des produits agricoles, on croit pouvoir servir les intérêts nationaux en développant celle-ci aux dépens de celle-là ; on n’a pas encore admis le principe de l’éducation industrielle du pays comme base de l’association douanière ; on ne se fait point de scrupule d’immoler à la concurrence étrangère des industries qui, après plusieurs années de protection, ont assez grandi pour que la concurrence intérieure ait déjà fortement