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seulement des matières brutes, mais surtout des masses considérables d’articles manufacturés de consommation générale, contre les produits agricoles et les objets de luxe de la France. Si le gouvernement et les chambres de France sont disposé à se prêter à ces vues, s’ils s’y prêteront en effet, on ne saurait le dire[1]. Mais, au cas où ils donneraient effectivement pleine satisfaction à l’Angleterre, ce serait un exemple de plus donné au monde pour la solution de cette grande question : dans l’état actuel des choses, deux grandes nations manufacturières, dont l’une est décidément supérieure à l’autre sous le rapport des frais de production et de l’extension de son marché extérieur, peuvent-elles lutter librement l’une avec l’autre sur leurs propres marchés, et quels doivent être les effets d’une telle concurrence ?

En Allemagne les questions dont il s’agit sont devenues, par suite de l’union douanière, des questions nationales et pratiques. Tandis qu’en France le vin est l’appât de l’Angleterre pour obtenir un traité de commerce, en Allemagne c’est le blé et le bois. Ici pourtant tout n’est encore qu’hypothèse, car on ne peut savoir actuellement si les tories en démence pourront être ramenés à la raison, jusqu’à faire au gouvernement, pour l’introduction du blé et du bois d’Allemagne, des concessions dont il se prévaudrait vis-à-vis du Zollverein[2]. Or, on est assez avancé en Allemagne en matière de politique commerciale, pour trouver ridicule, sinon

  1. On sait qu’il n’a été donné aucune suite aux négociations commerciales ouvertes alors entre la France et l’Angleterre. (H. R.)
  2. Depuis que ces lignes ont été écrites, si les tories, à part ceux qui ont suivi sir Robert Peel, n’ont pu être ramenés à la raison, du moins on a eu raison d’eux dans la question des céréales ; mais l’Angleterre a renoncé à obtenir de l’étranger, par voie de traité de commerce, de meilleures conditions pour ses produits. On doit remarquer, du reste, que, depuis un certain nombre d’années, l’Angleterre avait constamment échoué dans ses négociations commerciales, notamment avec l’Association allemande ; sur ce dernier point je renvoie à une correspondance échangée entre le Foreign-Office et le ministère des affaires étrangères de Prusse, où le ministre prussien, M. Bulow, se sert vis-à-vis de l’Angleterre d’arguments analogues à ceux de List. (H. R.)